Si vous vous demandez dans quel ordre chronologique lire « A la recherche du temps perdu« , voici l’ordre de lecture conseillé :
- Du côté de chez Swann (1913)
- À l’ombre des jeunes filles en fleurs (1919)
- Le Côté de Guermantes, (en deux volumes, chez Gallimard, 1920-1921)
- Sodome et Gomorrhe I et II (chez Gallimard 1921-1922)
- La Prisonnière (posth. 1923)
- Albertine disparue (posth. 1925 ; titre original : La Fugitive)
- Le Temps retrouvé (posth. 1927)
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Pourquoi Lire « A la recherche du temps perdu » dans l’ordre ?
Les personnes qui veulent lire « A la recherche du temps perdu » de Proust doivent comprendre qu’il n’a pas été conçu comme une série de sept romans mais comme un roman en sept volumes (bien qu’initialement prévu comme un roman en trois volumes).
Il y a donc une certaine chronologie entre les différents volumes.
Même si l’intrigue n’est pas aussi importante que dans de nombreux autres romans (ce n’est certainement pas un roman axé sur l’intrigue), il y a de bonnes raisons de commencer par le premier volume et de lire les autres volumes dans l’ordre de publication.
- Le premier tome introduit déjà de nombreux thèmes qui continueront à être développés dans le reste du roman, par exemple, le regard du narrateur sur l’art et l’esthétique, le rôle de la mémoire (y compris la mémoire involontaire), le pouvoir des noms (par exemple, ce qu’ils évoquent par opposition à ce à quoi ils s’avèrent faire référence), l’affaire Dreyfuss, etc.
- Le premier tome introduit ou du moins mentionne plusieurs personnages devenus importants par la suite, comme Bloch (voir aussi l’affaire Dreyfuss qui est aussi souvent évoquée), Palamède de Guermantes (Charlus), Elstir (voir le thème de l’esthétique), Gilberte Swann, Charles Swan, Odette de Crécy, Norpois et autres.
- Depuis que le roman est passé des trois volumes initialement annoncés à sept volumes, certaines parties de l’œuvre qui vont ensemble se sont séparées les unes des autres. Par exemple, le tome 1, Du côté de chez Swann se termine par « Noms de pays : le nom », qui appartient avec le second volet de À l’ombre des jeunes filles en fleurs, « Noms de pays : Le pays ».
- Même si le roman n’est pas axé sur l’intrigue, il y a des références à des événements antérieurs (par exemple, des rencontres avec des personnages spécifiques), des opinions qui ont changé, des relations qui ont changé, etc.
- Même si le roman n’est pas axé sur l’intrigue, il suit toujours le narrateur de l’enfance à un âge plus avancé.
- Enfin, il ne faut surtout pas manquer le début du premier tome : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. (…) »
- La partie qui se lit le plus facilement séparément est la deuxième partie du premier volume, qui a parfois été publiée séparément sous le titre « Un amour de Swan ».
L’histoire de « A la recherche du temps perdu »
À la recherche du temps perdu, couramment évoqué plus simplement sous le titre La Recherche, est un roman de Marcel Proust, écrit de 1906 à 1922 et publié de 1913 à 1927 en sept tomes, dont les trois derniers parurent après la mort de l’auteur. Plutôt que le récit d’une séquence déterminée d’événements, cette œuvre s’intéresse non pas aux souvenirs du narrateur mais à une réflexion psychologique sur la littérature, sur la mémoire et sur le temps. Cependant, comme le souligne Jean-Yves Tadié dans Proust et le roman, tous ces éléments épars se découvrent reliés les uns aux autres quand, à travers toutes ses expériences négatives ou positives, le narrateur (qui est aussi le héros du roman), découvre le sens de la vie dans l’art et la littérature au dernier tome.
À la recherche du temps perdu est parfois considéré comme l’un des meilleurs livres de tous les temps.
En considérant le découpage de l’œuvre présenté en début d’article, son écriture et sa publication se sont faites parallèlement, et la conception même que Proust avait de son roman a évolué au cours de ce processus.
Alors que le premier tome est publié à compte d’auteur chez Grasset en 1913 grâce à René Blum (Proust en conserve la propriété littéraire), la guerre interrompt la publication du deuxième tome et permet à Proust de remodeler son œuvre, cette dernière prenant de l’ampleur au fil des nuits de travail qui l’épuisent.
L’auteur retravaille sans cesse ses dactylographies autant que ses brouillons et ses manuscrits, et souhaite mettre fin à sa collaboration avec l’éditeur.
La Nouvelle Revue française, dirigée par Gaston Gallimard, est en pleine bataille éditoriale avec Grasset depuis 1914 mais a commis l’erreur de refuser en 1913 de publier Du côté de chez Swann par l’entremise d’André Gide, figure dominante du comité éditorial de la NRF qui juge que c’est un livre de snob dédié à Gaston Calmette, directeur du Figaro.
La NRF qui se prétend le fleuron du renouveau des lettres françaises aggrave son cas le 1er janvier 1914 lorsqu’un de ses fondateurs Henri Ghéon juge Du côté de chez Swann « une œuvre de loisir dans la plus pleine acception du terme ». Pourtant des écrivains de renom comme Lucien Daudet, Edith Wharton et Jean Cocteau ne tarissent pas d’éloges sur ce premier tome. André Gide reconnaît vite son erreur et supplie Proust de rejoindre la NRF qui a retrouvé des moyens d’imprimer, au contraire de Grasset.
Proust fait part à Grasset de son intention de le quitter en août 1916, et après un an de règlement du problème (question des indemnités, des compensations, solde des droits sur Swann), Gaston Gallimard lance la fabrication de deux volumes et rachète à son concurrent en octobre 1917 les quelque deux cents exemplaires de Swann qui n’ont pas été vendus : il les revêt d’une couverture NRF et d’un papillon de relais avant de les remettre en vente